Il y a 500 ans… Le 9 juillet 1522

Il y a 500 ans… Le 9 juillet 1522

Un texte fondateur concernant l’organisation de la lutte contre l’incendie à Besançon

Le grand incendie de Besançon, du 30 juin 1452 était encore dans les mémoires. Les dégâts furent considérables, en effet le bas de la Grande rue, de la rue des Granges, ainsi que les rues Pasteur, d’Anvers, de la République et des Boucheries furent impactées par ce sinistre d’ampleur.

Ainsi, le 9 juillet 1522, une ordonnance du « Noble Hostel Consistorial » de Besançon fût établie sur la « rescousse des inconvénientz de feug ». Ce texte visait à donner des consignes de prévention et aussi d’organisation en cas de survenance d’un incendie.

Ce texte est d’une remarquable précision sur ce qui incombait à chaque citoyen en matière de prévention de l’incendie, mais aussi sur son rôle au moment de la survenance d’un sinistre.

En matière de prévention, des consignes de fréquence de ramonage des cheminées furent imposées, à raison de quatre fois par an au minimum, sous peine d’amende. Lorsque les conditions météorologiques l’exigeaient, des réserves d’eau devaient aussi être disposées devant les habitations par anticipation. Enfin les contraintes étaient encore plus fortes pour les métiers nécessitant l’emploi de la flamme, tels que les forgerons ou les boulangers par exemple.

Lorsque le tocsin retentissait, les portiers de la ville étaient sommés de fermer les portes pour éviter de laisser pénétrer tout intrus, le feu étant de tout temps une arme redoutable utilisée pour semer la terreur et assiéger une place.

Les artisans des métiers du bâtiment, forts de leurs compétences, tout particulièrement les maçons, couvreurs, charpentiers et plâtriers étaient chargés de prêter main forte en accourant à l’incendie avec des échelles et des crocs. Leurs compétences en matière de construction, associées à leur accoutumance du travail en hauteur faisant d’eux des hommes tout trouvés pour lutter contre ce fléau qui nécessitait parfois de faire la « part du feu » c’est-à-dire de détruire ou « saper », les constructions adjacentes de l’immeuble en feu pour le priver de son combustible et ainsi stopper son évolution.

Les citoyens aussi avaient un certain nombre d’obligations. A titre d’exemple si le feu naissait la nuit, ils devaient allumer des « falots », c’est-à-dire une lanterne fixée au bout de potences sur les façades des immeubles aux angles de rues et carrefours, afin de les éclairer. Elles étaient constituées d’un panier métallique garni de paille et de poix visant à créer une torchère.

Les détails de ce texte, notamment sur les rôles et missions de chacun concernant la gestion de l’eau depuis l’endroit où elle était puisée et jusqu’au lieu de l’incendie démontrent une réelle volonté d’organisation.

Il était question notamment de capitaines dizainiers ayant à leur charge la gestion des chaînes de seaux, ceux qui devaient les porter, le rôle particulier des citoyens vivant à proximité immédiate d’un puits, qui étaient chargés eux de disposer des cuves autour de ces derniers afin de les remplir et permettre un approvisionnement plus rapide et aisé.

Détail fort intéressant, les charrons étaient chargés d’apporter de l’eau (généralement en tonneau) sur les lieux de l’incendie contre rémunération. Gage de célérité, l’indemnité versée était dégressive en fonction de leur ordre d’arrivée sur les lieux. Aujourd’hui encore la gestion et la pérennité de l’eau sur un incendie restent une priorité pour le commandant des opérations de secours.

Il faudra attendre deux ans de plus pour qu’un second texte voit le jour, confiant la mission de lutte contre l’incendie à un groupe constitué d’hommes et appelé « Gardes de Feu ». Ainsi en 2024, les sapeurs-pompiers de Besançon célèbreront 500 ans de lutte ininterrompue contre un fléau qui n’a pas changé…